S'étendant sur plus de 1700 km, avec ses temples bouddhiques, ses montagnes, ses forêts au Nord et ses côtes aux plages de cartes postales, ses îles, ses Full Moon Party au Sud, la Thaïlande offre une telle diversité de choses à voir, qu’on comprend pourquoi elle attire tant de touristes. C’est enfin le moment pour moi d’explorer ce pays dont j’ai tant entendu parlé, mais où je n’ai fait que passer lors de courtes escales dans sa mégapole hyperactive qu’est Bangkok.
Nous arrivons, 16h de bus plus tard depuis Luang Prabang, au Nord-est de la Thaïlande dans la ville de Chiang Rai. C'est une ville à taille humaine, pas particulièrement jolie, mais avec son petit marché local où l'on retrouve – avec joie – la variété des spécialités culinaires thaïes, une grande amabilité et surtout une communication aisée car ici l’anglais est plutôt bien compris. Autant d’ingrédients réunis qui en font l’un des pays les plus simples à voyager. D’ailleurs on se trouve même un sympathique restaurant avec un menu de réveillon de Noël à deux pas de notre auberge, c’est dire comme la vie est simple ici ! Chiang Rai est donc le point de départ idéal pour explorer la région.
On commence donc par visiter le temple bleu, situé dans la ville même de Chiang Rai il est ne figure pas dans les guides et est souvent méconnu des étrangers, en revanche c'est un lieu de culte très fréquenté des locaux. Sa couleur bleu électrique et ses enjolivures lui donne un coté un peu kitch. On poursuit en prenant en tuk-tuk collectif jusqu’au Temple Blanc, Wat Rong Khun de son vrai nom, celui-ci très fréquenté des touristes. Il est bâti de pierres blanches symbolisant la pureté du bouddhisme, incrustées de morceaux de miroir représentant la réflexion de l’illumination. La finesse des sculptures qui ornent ça façade est impressionnante et la lumière du soleil qu’il renvoie éblouissante. On patientera donc patiemment jusqu’au « sunset » pour pouvoir l’admirer sans lunettes de soleil et surtout sans personne !
Le lendemain nous prenons un bus local direction la région du Triangle d’or, également appelée « région des trois frontières » car c’est là que se rejoignent celles du Laos, de la Thaïlande et du Myanmar. Rien de spectaculaire à voir à Sop Ruak, considéré comme le centre « théorique » du Triangle d’or, à la confluence du Mekong et de la Nam Ruak. On profite d’être ici pour visiter le musée de l’opium qui nous apprend que la région a été pendant longtemps le haut-lieu de la culture de l’opium. Dans cette zone montagneuse aux forêts denses et au climat tropical à la culture, l’opium produit dans les hauteurs du Triangle d’or est de qualité exceptionnelle, si bien qu’il est transformé directement sur place en héroïne. D’ailleurs l’appellation « Royaume de l’or blanc » provient de là, en référence cette fine poudre blanche si lucrative… De part des contraintes politiques complexes et la tradition des nombreuses minorités ethniques, les plantations illicites de pavot subsiste encore du coté birman. Le Myanmar serait aujourd’hui le second plus gros producteur d’opium au monde après l’Afghanistan, tandis que la Thaïlande semble avoir réussie à éradiquer sa culture. Ayant notre dose de visite et de transport pour la journée, on rentre sur Chiang Rai se prélasser dans un bar à chats pour déguster un savoureux moka glacé au chocolat blanc accompagné de ronrons de ces charmants félins.
Le surlendemain sur les conseils de notre hôte, nous allons visiter la fabrication de poterie Doi Din Dang. On traverse les différents ateliers : façonnage, séchage, cuisson, émaillage, showroom et salon de thé dans un jardin qui donne envie de s'installer…mais on résiste, on a prévu d'aller visiter le village ethnique et on a encore quelques kilomètres avant de l’atteindre. Ici cohabitent cinq ethnies : les Akha et les Lahu groupes ethniques Tibéto-birman, les Kayor de Birmanie surnommées « grandes oreilles », les Yao et les Karen originaires du Sud-ouest de la Chine, ces dernières plus communément appelées « femmes girafes ». Des études ont montrées qu’en réalité les femmes girafes n’avaient pas un cou plus long que vous et moi. Mais les lourds anneaux poussent la cage thoracique vers le bas, les clavicules s’affaissent donnant alors l’impression d’un cou plus long. La musculature du cou est aussi affaiblie, c’est pourquoi elles gardent ces anneaux tout au long de leur vie, les retirer pourrait être fatal.
Ce concept éco-touristique a fait l’objet d’un sérieux plan marketing, certains diront que c’est une attraction touristique mais finalement les tribus vivent réellement ici, de l’artisanat qu’elles produisent et les frais d’entrée au village servent à financer les infrastructures communes. La plupart des femmes sont en tenues traditionnelles, les plus jeunes parfois pas. Hommes et enfants vivent également ici dans leur maison, avec leurs animaux et jardin.
On repart à pied sous la chaleur étouffante et par chance une mamie thaï nous propose de nous prendre en stop pour nous emmener (avec petit détour pour acheter ses produits de beauté) à notre prochaine destination. Ca tombe à pic, la clim aussi et nous voilà en 10 min au lieu d’1heure aux pieds de la Black House. Construite en bois très sombre, l’architecte y mêle art tribal et moderne, le tout rendant l’atmosphère lugubre, on n’est pas fan du tout, on repart donc aussitôt. Direction le marché de Chiang Rai pour en y diner et en profiter une dernière fois, car demain on part pour Chiang Mai.