Espiritu Santo est l’île la plus grande du Vanuatu et regorge de lieux merveilles. Elle offre sans doute les plus belles plages de l'archipel, une forêt tropicale luxuriante, des grottes, des cascades et de magnifiques trous bleus. Bref des paysages très attrayants dont on ne se lasse pas. Mais c’est surtout pour sa géographique intéressante sur le plan stratégique comparé aux autres îles de l’archipel, que Santo devint, pendant la Seconde Guerre mondiale, une importante base militaire de l’armée américaine dont il reste encore de nombreux vestiges.
A peine descendue de l’avion je saute dans un taxi direction « Million Dollar Point ». À cet endroit les américains se sont débarrassés de tout leur équipement militaire, à la fin de la seconde guerre mondiale. Arrivée sur la plage j’enfile bikini, tuba et masque et quelques brasses plus loin je tombe en effet sur l’arsenal engloutit sous les eaux : camions, bulldozers, jeeps et munitions gisent à moins de 1 mètre de profondeur et jusqu’à plus de quarante mètres de fond. La nature y a repris ses droits, j’y croise un poisson lion, une espèce très jolie mais surtout très venimeuse qui se balade entre les coraux et le matériel de guerre. En revanche, pas de fameuse bouteille de Coca-Cola abandonnée par les américains en vue, mais j’en trouverai une plus tard sur la plage.
Le lendemain je pars pour une journée aventure à « Millenium Cave ». Au programme : de la jungle, des échelles et des ponts en bambou à franchir, des cavernes à traverser et une rivière à descendre à la nage. Depuis de nombreuses années, cette grotte est bien connue par les ancêtres des habitants du village de Vunaspef comme réserve de nourriture car la grotte regorge d’hirondelles et surtout de milliers de chauves-souris. Mais les anciens eurent pendant longtemps peur de s’aventurer dans ses profondeurs, à cause des esprits qui pouvaient y résider. Ce n’est qu’en 1987 que deux habitants du village ont finalement pénétré dans la grotte pour la 1ère fois.
Aujourd’hui cette excursion éco-touristique est à l’origine des habitants de Vunaspef qui ont lancé en 2000 (d’où son nom !) ce projet afin de faire vivre le village. Car les profits de cet éco-tour sont directement reversés à la communauté locale pour subventionner la construction d’écoles et d’autres initiatives pour aider à la communauté. Une fois encore les ni-van m’impressionnent par leur créativité, leur vivacité d’esprit. Bref un business plan impeccable et une initiative de développement que l’on a envie de soutenir.
C’est au village de Nambel, à 45 minutes de route de Luganville que notre expédition démarre. Nous faisons connaissance avec notre guide qui nous donne à chacun un gilet de sauvetage, on dé pose tout ce ce craint l’eau au village et c’est partis pour 1h30 de randonnée à travers la jungle. Nous parvenons finalement à l’entrée de la grotte, cachée au milieu de cette dense végétation, mais avant d’y pénétrer, notre guide nous peint le visage à l’argile rouge. Il dessine une rivière, une chauve-souris et un chemin pour toute personne qui vient ici pour la première fois et ce pour apaiser les esprits qui règneraient sur le site. Munis de notre lampe torche nous pouvons alors nous pouvons nous aventurer dans cette impressionnante caverne longue de près de 500m et d’une hauteur de 50m. On ne voit pas vraiment où on met les pieds, on glisse dans l’eau, on se rattrape aux rochers recouverts de fiente de chauve-souris, puis la pénombre totale avec juste les cris des mammifères volants au-dessus de nos têtes et le bruit de l’eau qui s’écoule. Après 30 min de marche dans l’eau gelée et dans le noir, c’est avec plaisir que nous apercevons au loin une la lumière qui passe dans une faille…on a atteint la sortie.
Tout juste le temps de pique-niquer et de se réchauffer un peu au soleil et on repart pour une session rando-escalade sur les rochers avant d’attaquer la descente de la rivière à la nage en se laissant porter par le courant. Autour de nous des cascades, des promontoires naturels, des murs végétaux et des roches dessinées par les eaux. On se laisse porter par l’eau dans ce canyon naturel envahi de végétaux au vert éclatant. L’ambiance est si paisible et le décor si beau que j’en oublierai presque la température de l’eau !
Heureusement, après cette journée d’expédition un thé bien chaud nous attend au village. Il est maintenant temps de s’atteler à la préparation du repas traditionnel le Lap Lap composé de purée de manioc au lait de coco, avec du poulet, quelques légumes et qui va cuire à l'étouffée dans des feuilles de bananier sur les pierres et braises du feu…pendant plusieurs heures.
Ca nous laisse donc le temps d’aller préparer le kava et de faire un tour du village. Le soir nous dégustons le kava fraichement pressé et toutes les spécialités que nous ont préparées les mamas du village. Après cette journée sportive et ce copieux dîner, le sommeil ne tarde pas à venir.
Le lendemain nous repartons de très bonne heure vers Luganville, la capitale de Santo. Je repasse à l’auberge pour récupérer mon gros sac et prendre (enfin !) une douche pour me rincer des fientes de chauve-souris. Au passage je motive deux autres voyageuses pour partir vers le nord de l’île, sauf qu’à cette heure ci il n’y a plus de bus. On négocie donc rapidement avec un taxi pour qu’il nous dépose à mi-chemin au « Nanda blue hole ». Effectivement l’eau y est d’un bleu limpide et on aperçoit le fond, mais le vent se lève donc on ne se baignera pas cette fois ci. En revanche, le lieu est tellement agréable et calme qu’on passe l’après-midi à discuter sans voir les heures défiler.
Pourtant il nous reste encore pas mal de kilomètres avant d’arriver à destination, on pars se positionner en bord de route (il n’y a à qu’une de toute façon) et on lève le pouce. Quelques minutes plus tard, nous voilà entassées avec nos sacs à l’arrière du pickup, un bon moyen pour profiter des paysages.
Au bout de cette route goudronnée bordée de cultures de coprah : Port Olry, un petit village de pêcheurs où le temps semble s’être totalement arrêté. Le hameau paraît inhabité, pas un chat ni une poule dans les rues, ambiance « Far West balnéaire ».
Côté mer, c’est tout aussi désertique, à l’exception de quelques mignons bungalows et tentes installés sur la plage : mon point de chute pour ces deux prochains jours. Nous faisons la connaissance de Queiros, à l’origine de ce projet, il construit les bungalows lui même avec l’aide de ses frères et on peut dire qu’ils sont doués et efficaces. Bon pour moi ce sera une tente avec pieds dans le sable et vue sur la mer, fort sympathique également !
Ces 48h dans ce petit paradis perdu s’écouleront bien trop vite, entre lecture dans le hamac, discussions avec les locaux et les autres voyageurs, baignades dans une mer à 28ºC, balades, dégustation de coco et de crabe tout juste pêché. Autant dire que je n’ai pas du tout envie de partir d’ici et j’essaye d’étirer le temps au maximum.
Mais peu de voiture passe par ici, le stop va s’annoncer difficile, il faut que je m’active. Heureusement, un couple d’australiens arrivent pour déjeuner, c’est peux être ma seule chance d’arriver à l’aéroport (ben oui, si je n’avais pas un avion dans quelques heures, ce ne serait pas drôle), je négocie avec le chauffeurs qui est d’accord pour me prendre. Banco !
Cerise sur le gâteau, on s’arrête en chemin faire une pause à Champagne Beach, sûrement la plage la plus célèbre de Santo et celle aux eaux les plus turquoises. Je profite encore de ces quelques heures à faire le plein de couleurs fluos, de sourires, de clapotis des vagues et des enfants qui jouent gaiement avec un rien. Au final, j’aurais bien mon avion et je serai même en l’avance (si si ça m’arrive ).
Le Vanuatu m’aura définitivement marquée au fer rouge, il est l’un de ces pays où je sais déjà que je reviendrai, avec l’espoir que rien n’aura changé. Si je ne pleure pas c’est d’ailleurs pour ça, je sais qu’il me reste plein de choses à y découvrir, chaque île est si singulière avec chacune sa propre personnalité, sa propre atmosphère.
INFORMATIONS PRATIQUES :
Port Olry Harbour Beach Lodge/camping et restaurant
Tout cela donne envie…