Santiago du Chili, la capitale occidentale au milieu des Andes

Categories AMERIQUE DU SUD, Chili

Après mon étape pascuane, je poursuis en toute logique ma route vers l'Amérique du Sud et j'arrive à Santiago du Chili. Coincée entre deux chaînes de montagnes, les Andes et la cordillère de la Costa, Santiago est une ville cosmopolite, avec un esprit festif et une vie culturelle effervescente. D’emblée Santiago me paraît la capitale la plus occidentale de toutes les autres métropoles d’Amérique latine que j’ai pu visiter. Le niveau de vie y est comparable à celui de l’Europe, tout est plutôt bien rangé et organisé, bref ça change du joyeux bordel de ses voisins latins. Avec ses gratte-ciel, ses ruelles pavées et ses monuments historiques aux influences néo-classiques et baroques on pourrait presque se croire à Paris ou à Londres. A un détail près, car les cireurs de chaussures et les vendeurs de cacahuètes à chaque coin de rue, me rappelle bien vite que suis bien sur le continent sud-amércain !

Pour découvrir Santiago, rien de mieux que d’y flâner à pied et cerise sur le gâteau avec quelqu’un qui l’apprécie. Et justement j’ai la chance d’y retrouver un ami franco-chilien rencontré à Sydney qui connaît cette capitale comme sa poche puisqu’il y a vécu la moitié de sa vie. C’est d’ailleurs très amusant de retrouver Felipe quelques mois et milliers de kilomètres plus tard sur un autre continent et c’est aussi la meilleure introduction possible à mon trip en Amérique latine.

 

On déambule sur les places principales qui ont été les témoins de l’histoire contemporaine du Chili. Le 11 septembre 1973, le général Pinochet prend la tête du coup d'État, contre le gouvernement du président socialiste Salvador Allende, élu démocratiquement en 1970. En bombardant le palais de la Moneda. Salvador Allende se suicide ce jour même après avoir déclaré « Le président de la République élu par le peuple ne se rend pas ». S’ensuit l’abolition de la liberté de la presse, l’instauration d’un couvre-feu instauré, la torture des opposants au régime, l’emprisonnement ou l’assassinat des têtes pensantes et bien sûr l’exil de plusieurs centaines de milliers d'exilés. Lors du référendum de 1988, les Chiliens refusent de prolonger le mandat de Pinochet. Un an plus tard le démocrate-chrétien Patricio Aylwin est élu président de la République, mais sa politique économique reste semblable à celle du régime militaire précédent. Inculpé pour génocide, enlèvements, tortures et assassinats, Pinochet ne sera jamais jugé pour ses crimes et échappera à la justice jusqu’à sa mort en 2006. Si depuis 1990, le Chili est redevenu une démocratie, le 11 septembre n’est plus un jour comme les autres pour les chiliens. Les inégalités sociales perdurent encore, même si elles sont moins criantes que dans les autres métropoles latino-américaines et des grèves étudiantes animent régulièrement la ville.
 

 

On traverse rapidement le magnifique Musée des Beaux et d’Art contemporain, le temps d’admirer sa coupole à l’influence française, puis on poursuit notre balade dans le Quartier Lastarria ou Barrio Lastarria comme on dit ici. Situé au cœur de la ville, c’est le coin hipster incontournable où l’on vient pour flâner, se divertir ou boire un verre. On y trouve des théâtres, des cinémas, des galeries d’arts…et des « hippies » qui vendent des muffins à la Marie Juana. Puis on se balade dans un parc situé sur une colline, le cerro Santa Lucia et son ancien fort, on monte tout en haut pour admirer la vue à 360º surplombant les toits de la ville avec en toile de fond les Andes dont les sommets seront bientôt enneigés. En soirée, on rejoint le Barrio Bellavista, au caractère bohème avec ses peintures murales et ses maisons colorés et c’est aussi le quartier où l’animation se concentre dans ses nombreux bars et restaurants. L’occasion pour moi de découvrir une nouvelle spécialité chilienne, le Terramoto (traduisez « tremblement de terre ») LA boisson présente sur toutes les ardoises des bars de ce pays le plus sismique au monde ! La recette est délicieuse et rafraîchissante : du vin blanc, un peu de fernet, un soupçon de rhum, une boule de sorbet, le tout servi dans un pichet de 1 litre. Avec son goût ultra sucré et sa couleur rose bonbon on croirait presque un breuvage pour enfant, mais je confirme, le cocktail porte très bien son nom (surtout si on finit le pichet…). Me voilà mise à l’heure chilienne, ou carrément plus à l’heure du tout : le lendemain matin le réveil sera terrible.
 

 

Heureusement c’est dimanche ! Alors on se promène tranquillement dans les parcs verdoyants où les chiliens aiment se prélasser au soleil et dans les centres culturels et musées dont la capitale regorge. Après le chapitre historique d’hier, Felipe m’emmène cette fois découvrir le Musée d’Histoire Naturelle. Outre le fait qu’il soit situé dans le magnifique Parc Quinta Normal, à l’influence française (j’ai vraiment l’impression d’être propulsée dans le Jardin des Plantes à Paris, à l’exception près qu’ici on y croise des lamas !) il vient compléter mon enseignement sur le Chili. J’y apprends que le territoire chilien regroupe presque tous les climats du monde : austral, antarctique, désertique, sub-désertique, méditerranéen, tempéré océanique. Je suis prévenue, le long des ses 4300 km je vais avoir plus encore que les 4 saisons.

 

Puis on s’arrête devant le Pavillon Chilien, ou Pavillon Paris, selon le pays de considération, qui est encore un excellent exemple des transferts en matière architecturale, entre ces deux pays à la fin du XIXème siècle. Ce bâtiment de zinc a été construit à l’occasion de l’exposition universelle de Paris en 1889, puis a été déplacé au Chili et reconstruit ici. C’est l’occasion de faire une pause rafraîchissement et Felipe me fait goûter la boisson chilienne typique (non alcoolisée cette fois !) : le mote con huesillo, dont la recette comprend du blé cuit, du sirop bien sucré de pêche, le tout servi dans un verre agrémenté d’une pêche séchée.

 

Il est déjà temps pour moi de quitter cette ville, qui ne sera certainement pas la plus dépaysante de mon voyage, mais c’est justement pour son attrait économique, sa qualité de vie « à l’occidentale » que beaucoup d’expats en font leur base. Sans parler de tous les paysages de folie à découvrir dans le pays…bref j’ai encore pas mal de kilomètres qui m’attendent, moi !

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